We’ve updated our Terms of Use to reflect our new entity name and address. You can review the changes here.
We’ve updated our Terms of Use. You can review the changes here.

Titouan aura l'Covid

by Vanessa Morisset, Stephane Berard

/
  • Streaming + Download

    Includes unlimited streaming via the free Bandcamp app, plus high-quality download in MP3, FLAC and more.
    Purchasable with gift card

      €7 EUR  or more

     

1.
C'est en haut des rideaux épais juste dans les interstices réguliers entre la tringle et les anneaux des rayons d’un soleil d’un midi d’été transpercent l’espace poudré de poussière suspendue waouh la puissance de la lumière qui m’arrive droit sur l’oeil et appuie jusqu’au fin fond de mon cerveau cuité combien de bouteilles de gin et de tonic y sont passées pour rendre cette tête et ce corps si lourds à tourner pourtant à peine les poils du tapis chatouillent trop la narine enfouie tandis que l’autre est bouchée faut faire quelque chose demi-tour du dos maintenant à plat sur le sol mais que c’est dur une fois les poils écrasés sous les quatre-vingts kilos et d’ailleurs où suis-je agression de la narine enfin dégagée par une effluve d’alcool à brûler putain c’est à côté c’est quoi c’est transparent petit rond petit trou qui mène au cul de la bouteille vide ah oui à la chaîne les gin-to mais quelle soirée scan en rase motte dans le tapis une godasse plus loin un cendrier avec des clopes à moitié fumées qui dépassent et éparpillés des biscuits apéritifs en morceaux ça fout la nausée et là au bout du t-shirt mais quoi donc j’ai enlevé mon froc y a que le tissu noir du slip les longues jambes velues puis une spatule blanche côtelée une deuxième en canard au moins je reconnais mes pieds même si dans la tête ça cogne même si dans la bouche ça pique papilles dressées contrastant avec la grosse langue avachie qui empêche de dire un mot il faudrait juste un peu d’eau pour éteindre ce feu à l’intérieur dans les joues dans la gorge le long de l’oesophage et jusque dans le bide mais impossible de me redresser mais alors quelle cuite.
2.
SENSE DATA 04:24
Le fait qu’une voiture klaxonne dans la rue plonge soudain le salon dans une autre ambiance, hein, quoi, quand sommes-nous donc, déjà le matin, les rayons du soleil passent par les trous en haut des rideaux, aujourd’hui est un autre jour, le fait que ça cogne dans la tête le rappelle, et aussi les événements de la veille, mais quelle soirée, quelle nuit de débauche, quelle cuite, le fait d’avoir tant et tant bu, comme à l’époque de l’adolescence, pour les anniversaires, pour fêter le bac, car j'ai eu mon bac, ça c’est cool, ça fait plaisir aux parents, ça permet la suite, la vie, ma vie, et celle de mes potes, ah les potes, ils adorent l’ivresse, chaque occasion est bonne, surtout que maintenant c’est les vacances, le fait qu’on soit en vacances d’été, quoique l’hiver aussi, les soirs d’hiver on fait la fête aussi, un soir de Noël on étaiant sortis toute la nuit après le repas familial, on avait dû chacun diner de son côté mais après on s’était retrouvés après, ce soir-là on avait tant bu au point d’ouvrir la portière de la bagnole, vomir, et repartir de plus belle de boîte de nuit en boîte de nuit, les boites de nuit sont ouvertes les nuits de 24 décembre, heureusement, d'avoir tant et tant bu hier soir rappelle comme la totalité de ces moments passés ensemble, partagés, le fait qu'on se connait depuis l’enfance, d'avoir été au fil du temps copains, camarades, amis, amants, amoureux, ivres, défoncés, fous et toujours ensemble, comme en ce matin d’été, le soleil brille fort illumine et chauffe la pièce par le haut des rideaux, voilà le pourquoi d’être juste en slip, le fait d’avoir tant et tant bu, voilà le pourquoi d’être couché sur le tapis du salon, le fait qu’il est cradingue ce tapis, l’autre est vautrée sur le canapé en pleins rêves, elle a un verre vide suspendu au bout des doigts, ça en dit long sur les quantités d’alcool ingurgitée, en bavardant, en rigolant, jusqu’au sommeil, chacun semble être tombé raide endormi, dans la position où il était, comme un arrêt sur image, mais il en manque un, le troisième larron a disparu, trop ivre, où est-il, un petit vent frais souffle dehors, on a besoin d’air, de respirer à fond, il y a une chaise longue sur le balcon, il a dû dormir là-bas, après avoir tant et tant bu et tant et tant parlé, parlé de la suite sans rien se promettre, de ce qu’ils allaient devenir après, le fait qu’ils seront moins libres, beaucoup moins, le fait que dans la vie d’adulte la vie économique emporte tout, ne laisse plus le temps de rien, mais là, maintenant, le soleil brille déjà et annonce une belle journée de vacances à rien foutre, la réplique culte « Qu’est-ce que tu fais demain ? Rien bien sûr », est encore pour quelques semaines en vigueur, il faut reconnaitre, c’est vrai, le fait qu’on n’a pas envie de bouger, pas envie de grandir, pas envie de vieillir, juste rester comme cela, et puis maintenant ça sent bon le pain grillé, mais qui s’est levé pour préparer un petit-déj? donne envie de faire durer la jeunesse éternellement.
3.
Les pépins de la pastèque je te les passe, un à un, comme je te passe les bonbons comme je te passe les chewing-gum, comme je te fais gouter ma sucette, de ma bouche à ta bouche et retour, je suce les pépins de la pastèque que d’un coup de langue je te passe pour que tu les suces à ton tour et me les repasse, en plus ce qui est bien, c’est que des pépins il y en a plein,  je les suce et te les passe l’été quand toi et moi nous mangeons notre pastèque sur la plage ou dans les Calanques, de même qu’en hiver avec les bonbons, les chewing-gum, pareil, un bonbon pour nous deux, où que nous soyons, au mieux dans une exposition, le bonbon, je le commence, tu le goutes, je le suce encore, mais qui le finit, ma langue te le renvoie, ce sera toi. La pastèque, pareil, je te passe les pépins que tu me redonnes, pareil. * ce rêve a déjà été diffusé à l'invitation de Madeleine Aktypi dans l'émission "Les doigts dans la pastèque", sur Radio Innommable.
4.
Et un gin-to, un! Bien servi, comme j'aime, ja/mais /mieux/ que/ par/ soi /même, hé hé! Verse-toi, verse-toi, mon petit liquide préféré… et pschitt fait la canette de tonic quand se détache sa languette autour de mon doigt, ma bague de fiançailles. Mais c’est pas fini, mon Titi, attends encore la tranche de citron dedans, croque le citron dedans, que c'est vivifiant, ce citron dedans, le secret d’un bon gin-to c'est le citron, pas vrai mon Titi, tout est dans le citron! Ouh quelle est cette musique que j’entends, j’adore! Let’s dance! Mais que ce verre se vide vite, même en aspirant fort y a plus rien au fond, que ça se vide vite un verre et que c’est triste un verre vide, vite un gin-to dedans, bien bien servi, comme j'aime, avec beaucoup de mon petit liquide préféré et la goutte de tonic du reste au fond de la canette, cela suffira am/ple/ment, la tranche de citron car le secret d’un bon gin-to c'est le citron, et c’est parti mon Titi, je suis bien le roi du gin-to. Ouh cette fête dans mon salon commence à prendre très bonne tournure! Let’s dance! Quoi? Déjà vide? Vraiment que ça se vide vide vite le verre vite vide, il est trop vite, enfin trop vide, enfin trop vite vide, mais qu’importe car Titi le roi du Gin-to va opérer comme à l’accoutumée, avec son petit liquide préféré, gin gin gin gin gin et y a plus de canette, y a plus de tonic, au/cune im/por/tance car le secret d’un bon gin-to c’est la tranche de citron, tout est dans le citron. Oups pardon mon pote, mais qu’est-ce que tu fous parterre? Et moi, oh la la qu’est-ce que je fous parterre, où est mon verre? Faut que je me relève! Let’s dance! Vite, il est trop vide ce verre vite vide, vide trop vite, il est vide, allez vite, mais y a plus de tonic, y a plus de citron! Que c’est bien do/mmage. Titi aime le citron. Pourquoi un verre alors? C’est trop vite vite vite vide un verre, tandis que la bouteille… elle… elle est pas vide. Par ici, avec Titi, la bouteille. Ça bouge trop tout autour. Let’s dance!
5.
Delirium 02:06
6.
Les poils du tapis à moitié dans les yeux, droit devant moi le lotus de ma basket ainsi replacé dans le contexte bucolique de simili herbes folles - parce que dans ce salon le tapis est copieusement poilu - offre à ma vue un premier plan remarquable. Derrière un grand N couchée, surmonté d’un grand I couché, puis d’un grand G couché, toutes lettres couchées comme moi, restent lisibles, écrivant quoiqu'il en soi un mot, un objet que je connais par cœur: une bouteille vide traine par terre. A travers elle je vois le bleu foncé de mon froc, relativement loin de mon cul, donc. Si j’incline légèrement la tête en tirant sur mon cou, une portion de paysage rouge à pois noirs, bordé d’une colline un peu brûlée, s’étale, j'ai bien peur de devoir identifier une part de pizza tombée heureusement du côté sauce tomate, en haut. À côté, des pétales jaunes dégringolent d'un sachet, où les mêmes pétales jaunes dégringolent également, mais en photo, sur le sachet : manifestement il reste encore des chips. Maintenant levons bieeeeen la tête pour observer l'extrême gauche. Ma deuxième godasse. J'espère qu'elle a pas servi de cendrier. Il est plein, non loin, il déborde même des poils du tapis. Avec le deuxième lotus adidas dans mon champ de vision, il compose un drôle de bouquet de bouts de clopes fumées à moitié découpées pour le tabac, à mixer, à la weed. Là où les poils du tapis sont légèrement aplatis, sur une petite surface, régulière, rectangulaire, le paquet de feuilles à rouler semble l’éviter. Et puis il y a les TUC. J’aime les TUC. Le citron et les TUC. J’en vois un se dresser devant moi comme une carte à jouer de bonne pioche, un as, un joker, je l’attraperai bien - finalement, j’ai un peu faim - si je pouvais tendre le bras jusqu’à lui. Mais j'ai l'impression de ne pas pouvoir bouger. Que les yeux, un peu le cou. Je suis un scanner.
7.
Laisse-moi dormir le lundi matin, le mardi matin, le mercredi matin, le jeudi matin, le vendredi matin, le samedi matin, le dimanche matin. (bis) Ce n'est pas le lundi matin que tu détestes, c'est le capitalisme. (bis)

about

Titouan EN VRAC 

C'est en haut des rideaux épais juste dans les interstices réguliers entre la tringle et les anneaux des rayons d’un soleil d’un midi d’été transpercent l’espace poudré de poussière suspendue
waouh la puissance de la lumière qui m’arrive droit sur l’oeil et appuie jusqu’au fin fond de mon cerveau cuité
combien de bouteilles de gin et de tonic y sont passées pour rendre cette tête et ce corps si lourds à tourner pourtant à peine
les poils du tapis chatouillent trop la narine enfouie tandis que l’autre est bouchée faut faire quelque chose
demi-tour du dos maintenant à plat sur le sol mais que c’est dur une fois les poils écrasés sous les quatre-vingts kilos
et d’ailleurs où suis-je
agression de la narine enfin dégagée par une effluve d’alcool à brûler putain c’est à côté c’est quoi c’est transparent petit rond petit trou qui mène au cul de la bouteille vide ah oui à la chaîne les gin-to mais quelle soirée
scan en rase motte dans le tapis une godasse plus loin un cendrier avec des clopes à moitié fumées qui dépassent et éparpillés des biscuits apéritifs en morceaux ça fout la nausée
et là au bout du t-shirt mais quoi donc j’ai enlevé mon froc y a que le tissu noir du slip les longues jambes velues puis une spatule blanche côtelée une deuxième en canard au moins je reconnais mes pieds
même si dans la tête ça cogne
même si dans la bouche ça pique
papilles dressées contrastant avec la grosse langue avachie qui empêche de dire un mot
il faudrait juste un peu d’eau pour éteindre ce feu à l’intérieur dans les joues dans la gorge le long de l’oesophage et jusque dans le bide mais impossible de me redresser
mais alors quelle cuite!

[La situation n'évolue pas]

SENSE DATA

Le fait qu’une voiture klaxonne dans la rue plonge soudain le salon dans une autre ambiance, hein, quoi, quand sommes-nous donc, déjà le matin, les rayons du soleil passent par les trous en haut des rideaux, aujourd’hui est un autre jour, le fait que ça cogne dans la tête le rappelle,  et aussi les événements de la veille, mais quelle soirée, quelle nuit de débauche, quelle cuite, le fait d’avoir tant et tant bu, comme à l’époque de l’adolescence, pour les anniversaires, pour fêter le bac, car j'ai eu mon bac, ça c’est cool, ça fait plaisir aux parents, ça permet la suite, la vie, ma vie, et celle de mes potes, ah les potes, ils adorent l’ivresse, chaque occasion est bonne, surtout que maintenant c’est les vacances, le fait qu’on soit en vacances d’été, quoique l’hiver aussi, les soirs d’hiver on fait la fête aussi, un soir de Noël on étaiant sortis toute la nuit après le repas familial, on avait dû chacun diner de son côté mais après on s’était retrouvés après, ce soir-là on avait tant bu au point d’ouvrir la portière de la bagnole, vomir, et repartir de plus belle de boîte de nuit en boîte de nuit,  les boites de nuit sont ouvertes les nuits de 24 décembre, heureusement, d'avoir tant et tant bu hier soir rappelle comme la totalité de ces moments passés ensemble, partagés, le fait qu'on se connait depuis l’enfance, d'avoir été au fil du temps copains, camarades, amis, amants, amoureux, ivres, défoncés, fous et toujours ensemble, comme en ce matin d’été, le soleil brille fort illumine et chauffe la pièce par le haut des rideaux, voilà le pourquoi d’être juste en slip, le fait d’avoir tant et tant bu, voilà le pourquoi d’être couché sur le tapis du salon, le fait qu’il est cradingue ce tapis,  l’autre est vautrée sur le canapé en pleins rêves, elle a un verre vide suspendu au bout des doigts, ça en dit long sur les quantités d’alcool ingurgitée, en bavardant, en rigolant, jusqu’au sommeil, chacun semble être tombé raide endormi, dans la position où il était, comme un arrêt sur image, mais il en manque un, le troisième larron a disparu, trop ivre, où est-il, un petit vent frais souffle dehors, on a besoin d’air, de respirer à fond, il y a une chaise longue sur le balcon, il a dû dormir là-bas, après avoir tant et tant bu et tant et tant parlé, parlé de la suite sans rien se promettre, de ce qu’ils allaient devenir après, le fait qu’ils seront moins libres, beaucoup moins, le fait que dans la vie d’adulte la vie économique emporte tout, ne laisse plus le temps de rien, mais là, maintenant, le soleil brille déjà et annonce une belle journée de vacances à rien foutre, la réplique culte « Qu’est-ce que tu fais demain ? Rien bien sûr », est encore pour quelques semaines en vigueur, il faut reconnaitre, c’est vrai, le fait qu’on n’a pas envie de bouger, pas envie de grandir, pas envie de vieillir, juste rester comme cela, et puis maintenant ça sent bon le pain grillé, mais qui s’est levé pour préparer un petit-déj? donne envie de faire durer la jeunesse éternellement.

[Titouan se rendort et fait un rêve un peu érotique]

Pareil la pastèque, pareil 

Les pépins de la pastèque je te les passe, un à un, comme je te passe les bonbons comme je te passe les chewing-gum, comme je te fais gouter ma sucette, de ma bouche à ta bouche et retour, je suce les pépins de la pastèque que d’un coup de langue je te passe pour que tu les suces à ton tour et me les repasse, en plus ce qui est bien, c’est que des pépins il y en a plein,  je les suce et te les passe l’été quand toi et moi nous mangeons notre pastèque sur la plage ou dans les Calanques, de même qu’en hiver avec les bonbons, les chewing-gum, pareil, un bonbon pour nous deux, où que nous soyons, au mieux dans une exposition, le bonbon, je le commence, tu le goutes, je le suce encore, mais qui le finit, ma langue te le renvoie, ce sera toi. La pastèque, pareil, je te passe les pépins que tu me redonnes, pareil.

[flashback]

Titouan à la fête

Et un gin-to, un!  Bien servi, comme j'aime, ja/mais /mieux/ que/ par/ soi /même, hé hé! Verse-toi, verse-toi, mon petit liquide préféré… et pschitt fait la canette de tonic quand se détache sa languette autour de mon doigt, ma bague de fiançailles. Mais c’est pas fini, mon Titi, attends encore la tranche de citron dedans, croque le citron dedans, que c'est vivifiant, ce citron dedans, le secret d’un bon gin-to c'est le citron, pas vrai mon Titi, tout est dans le citron! Ouh quelle est cette musique que j’entends, j’adore! Let’s dance! 


Mais que ce verre se vide vite, même en aspirant fort y a plus rien au fond, que ça se vide vite un verre et que c’est triste un verre vide, vite un gin-to dedans, bien bien servi, comme j'aime, avec beaucoup de mon petit liquide préféré et la goutte de tonic du reste au fond de la canette,  cela suffira am/ple/ment, la tranche de citron car le secret d’un bon gin-to c'est le citron, et c’est parti mon Titi, je suis bien le roi du gin-to.
Ouh cette fête dans mon salon commence à prendre très bonne tournure! Let’s dance! 


Quoi? Déjà vide? Vraiment que ça se vide vide vite le verre vite vide, il est trop vite, enfin trop vide, enfin trop vite vide, mais qu’importe car Titi le roi du Gin-to va opérer comme à l’accoutumée, avec son petit liquide préféré, gin gin gin gin gin et y a plus de canette, y a plus de tonic, au/cune im/por/tance car le secret d’un bon gin-to c’est la tranche de citron, tout est dans le citron. 
Oups pardon mon pote, mais qu’est-ce que tu fous parterre? Et moi, oh la la qu’est-ce que je fous parterre, où est mon verre? Faut que je me relève! Let’s dance!


Vite, il est trop vide ce verre vite vide, vide trop vite, il est vide, allez vite, mais y a plus de tonic, y a plus de citron! Que c’est bien do/mmage. Titi aime le citron. Pourquoi un verre alors? C’est trop vite vite vite vide un verre, tandis que la bouteille… elle… elle est pas vide. Par ici, avec Titi, la bouteille. 
Ça bouge trop tout autour. Let’s dance!


Délirium

Je suis un scanner

Les poils du tapis à moitié dans les yeux, droit devant moi le lotus de ma basket ainsi replacé dans le contexte bucolique de simili herbes folles - parce que dans ce salon le tapis est copieusement poilu - offre à ma vue un premier plan remarquable. 

Derrière un grand N couchée, surmonté d’un grand I couché, puis d’un grand G couché, toutes lettres couchées comme moi, restent lisibles, écrivant quoiqu'il en soi un mot, un objet que je connais par cœur: une bouteille vide traine par terre. 

A travers elle je vois le bleu foncé de mon froc, relativement loin de mon cul, donc. 

Si j’incline légèrement la tête en tirant sur mon cou, une portion de paysage rouge à pois noirs, bordé d’une colline un peu brûlée, s’étale, j'ai bien peur de devoir identifier une part de pizza tombée heureusement du côté sauce tomate, en haut. 

À côté, des pétales jaunes dégringolent d'un sachet, où les mêmes pétales jaunes dégringolent également, mais en photo, sur le sachet : manifestement il reste encore des chips. 

Maintenant levons bieeeeen la tête pour observer l'extrême gauche. 

Ma deuxième godasse. J'espère qu'elle a pas servi de cendrier. Il est plein, non loin, il déborde même des poils du tapis. Avec le deuxième lotus adidas dans mon champ de vision, il compose un drôle de bouquet de bouts de clopes fumées à moitié découpées pour le tabac, à mixer, à la weed. 

Là où les poils du tapis sont légèrement aplatis, sur une petite surface, régulière, rectangulaire, le paquet de feuilles à rouler semble léviter. 

Et puis il y a les TUC. J’aime les TUC. Le citron et les TUC. J’en vois un se dresser devant moi comme une carte à jouer de bonne pioche, un as, un joker,  je l’attraperai bien - finalement, j’ai un peu faim -  si je pouvais tendre le bras jusqu’à lui. 

Mais j'ai l'impression de ne pas pouvoir bouger. 

Que les yeux, un peu le cou. 

Je suis un scanner.

[Quelqu'un met un vieux vinyle]

Laisse-moi dormir le lundi matin

Laisse-moi dormir le lundi matin, le mardi matin, le mercredi matin, le jeudi matin, le vendredi matin, le samedi matin, le dimanche matin. (bis)

Ce n'est pas le lundi matin que tu détestes, c'est le capitalisme. (bis)

credits

released September 30, 2020

license

all rights reserved

tags

If you like Titouan aura l'Covid, you may also like: